Les troubles des apprentissages, qui sont plus communément appelés les “dys”, sont encore à ce jour mal compris. Plusieurs théories sont en compétition pour expliquer leurs mécanismes ; et il est possible que toutes ces théories soient au moins en partie vrais (autrement dit, qu’il existe plusieurs formes différentes de ces troubles).
La mémoire humaine est structurée, et forme ce que l’on appelle des schémas mnésiques. Dès la naissance, nous venons au monde avec des prototypes de schémas précâblés, qui vont ensuite s’adapter pour s’ajuster au monde environnant. Chez l’enfant atteint d’un trouble des apprentissages, les schémas de mémoire perceptive sont plus fortement encrés, et s’ajustent moins facilement. Cette mémoire perceptive, de bas niveau, est à distinguer de la mémoire sémantique qui stocke les connaissances. En d’autres termes, l’enfant atteint d’un trouble des apprentissages est bien capable d’acquérir des connaissances, cependant il doit faire un effort considérable pour désapprendre son organisation de mémoire perceptive lorsqu’il veut acquérir des compétences. Ainsi, c’est l’acquisition de compétences sur une ou plusieurs sphères (lire, écrire, précision des gestes, articulation des mots) qui est affectée par ce trouble. Par exemple, dans la dyslexie c’est l’acquisition de structures de mémorisation phonologique qui serait atteinte (permettant de découper les sons des mots pour les faire correspondre à ses représentations écrites).
Le problème, c’est que la mémoire sémantique est dite explicite (nous pouvons parler de nos connaissances) alors que la mémoire perceptive est dite implicite (difficile à mettre en mots). L’enfant atteint de trouble des apprentissages paraît donc normalement intelligent : il arrive à montrer qu’il est capable d’apprendre. La connaissance explicite se transmet par le discours ; tandis que les compétences s’enseignent en montrant ou en faisant faire, et non en discutant. Ces enfants sont par conséquent parfois accusés d’être paresseux : puisqu’ils peuvent apprendre des connaissances, leur difficulté à acquérir des compétences semblent étranges et sont mises sur le compte d’une faible motivation. En réalité, ces enfants font généralement preuve d’une motivation démesurée et d’efforts inhumains par rapport à leurs camarades, pour parvenir à se maintenir à un niveau de performance qui sera jugé tout juste médiocre par les adultes.
Cette théorie a l’avantage d’être transverse, et de pouvoir s’appliquer à tous les troubles dys – expliquant en particulier les formes comorbides ou les enfants présentent simultanément plusieurs de ces troubles.
Une autre explication possible proviendrait de l’empan attentionnel : l’enfant ne parviendrait pas à porter attention à suffisamment d’information. Par exemple, au lieu d’arriver à porter son attention 4 à 5 lettres simultanément pendant la lecture, un enfant dyslexique n’en traiterait que 2 ou 3. Cette réduction de capacités obligerait l’enfant à faire bien plus d’effort cognitif, provoquant une fatigue le mettant en échec. Cette perturbation a été mise en évidence dans certains cas de dyslexie.