Table de contingences

Construire une stratégie pour cadrer un comportement inadapté nécessite une enquête minutieuse des facteurs influençant le comportement. Pour mener cette enquête, vous pouvez construire un tableau de contingences. Il s’agit d’un tableau à compléter, où vous indiquez :

  • Ce qui s’est produit avant le comportement (les éventuels facteurs de stress auxquels le comportement a permis d’échapper).
  • Ce qui s’est produit après le comportement (les éventuels facteurs de récompense auxquels le comportement a donné accès).

On répertorie les contingences à court terme (juste avant/juste après) et à long terme (longtemps avant/longtemps après). Une fois ce tableau complété, on dispose d’un moyen d’action pour analyser la fonction du comportement de l’enfant et le corriger. En effet, si l’on fait disparaître les bénéfices du comportement, le comportement est voué à disparaître. Vous pouvez télécharger un tableau de contingence à compléter ci-dessous :

Exemple concret

Le petit Paolo, 10 ans, atteint d’un TSA léger et d’un TDAH, est agité en classe. Il prend sa trousse et la jette à la figure d’un de ses petits camarades, Ronan, en hurlant. Analysons les contingences de ce comportement :

  • Longtemps avant : il y a une semaine, Ronan a humilié Paolo en le traitant de débile mental, lui a volé ses billes et l’a frappé. Aucun adulte n’est intervenu pour défendre Paolo. Paolo a tenté d’en parler à un animateur, qui s’est moqué de lui parce qu’il bégayait et ne l’a pas écouté. Paolo dors mal depuis cet événement et n’ose pas en parler à ses parents.
  • Juste avant : Paolo était en difficulté pendant le cours de math, il a commencé à s’agiter parce qu’il faisait un effort de concentration. Ronan se moquait de lui à voix basse en le montrant du doigt, discrètement. Paolo se sentait impuissant.
  • Juste après : Ronan a eu peur, Paolo se sent vengé. La maîtresse perds ses moyens et crie sur Paolo, et l’exclue de la classe. Paolo se sent puissant, il a réussi à déstabiliser une adulte.
  • Longtemps après : maintenant les autres enfants ont peur de Paolo, et ne lui volent plus ces billes.

Si l’on suit la logique de cette table de contingences, il est évident que Paolo a été multiplement renforcé. Pour lui, l’action violente est donc positive, il n’a aucune raison de se montrer calme en classe à l’avenir. Comment pourrait-on faire disparaître l’agressivité de Paolo ? Voici quelques pistes :

  • Effectuer une intervention en classe au sujet des troubles neurodéveloppementaux, pour expliquer les différences dont souffre Paolo, et réduire les risques de harcèlement.
  • Intervenir systématiquement pour faire cesser les moqueries des camarades.
  • Former ou informer le personnel périscolaire sur le harcèlement scolaire, et les particularités de communication de Paolo.
  • Mettre en place un système de jetons de récompense pour Paolo, et le récompenser lorsqu’il est calme.
  • L’enseignant(e) ou l’AESH donne une attention positive à Paolo lorsqu’il est calme ou fait des efforts, et le félicite chaleureusement.
  • Fournir à Paolo une assise dynamique et un jouet à mâcher pour qu’il canalise son agitation.
  • Lors des crises : garder son calme, rappeler la règle et faire sortir Paolo tout de suite pour éviter l’escalade, sans crier. Organiser une confrontation entre les deux enfants une fois la crise passée, et les faire s’exprimer tous les deux avant de porter un jugement hâtif. Appliquer une conséquence négative est peu efficace, si un système de récompenses est en place l’absence de récompense est suffisant pour éteindre le comportement.
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