Parentalité bienveillante

Communiquer positivement

Bienveillance et conditionnement

Le conditionnement répondant s’appuie sur les conséquences des actions, qui peuvent être des punitions tout aussi bien que des récompenses. Le problème dans l’éducation, c’est que la punition (sous quelque forme qu’elle soit) implique nécessairement de donner de l’attention à l’enfant. Or, l’attention est un facteur de récompense, qui peut donc paradoxalement amener une punition à renforcer le comportement qu’elle devrait éteindre. Plutôt que de rester focalisés sur les punitions, la parent à donc tout à gagner à utiliser une stratégie positive :

• Communiquer de façon explicite, et en prenant le temps d’écouter l’enfant. Une communication de bonne qualité permet à l’enfant de mieux comprendre ce que l’adulte attend de lui. En outre, prévoir des moments de communication de qualité permet de donner de l’attention à l’enfant. Un enfant en manque d’attention sera d’autant plus sensible aux effets d’attention négative lors des punitions (autrement dit, punir un enfant peut fonctionner si et seulement si l’enfant reçoit par ailleurs bien plus d’attention positive). Un enfant privé d’attention sera prêt à tout pour en obtenir (parce qu’il s’agit d’un besoin fondamental de l’enfant). Il va donc provoquer le parent pour déclencher des punitions. Lui donner de l’attention par une communication claire et positive, intégrant une écoute de qualité, va réduire considérablement les occurrences de provocations.
• Donner de l’attention et des récompenses lorsque l’enfant agit positivement va renforcer le comportement adapté de l’enfant. On peut appliquer la règle suivante : il faut au minimum trois fois plus de récompenses que de punitions (c’est bien souvent le ratio inverse qui est observé dans les relations parent-enfant problématiques). D’ailleurs, si un parent se contente de donner beaucoup d’attention aux bons comportements, en ignorant les mauvais, ceux-ci ont tendance naturellement à diminuer.

Bienveillance vs. laxisme

Attention néanmoins, communiquer positivement ne veut pas dire appliquer une éducation laxiste. Il s’agit ici d’une confusion : on peut tout à fait communiquer positivement sa colère, et verbaliser les interdits. Il s’agit plus d’adopter un style communicationnel adapté pour exprimer ses limites. Face à un enfant laissant sa chambre en désordre, voici deux styles communicationnels différents :

1. (exprimé en hurlant) Tu laisses toujours ta chambre en bordel, c’est immonde. Je te laisse 10 minutes pour tout ranger, et après je viens jeter ce qui traîne à la poubelle.
2. (exprimé calmement mais fermement) Je suis en colère quand je vois que tu laisses tes affaires éparpillées sur le sol de ta chambre. On en a déjà discuté il y a 3 jours, j’ai besoin que ta chambre soit rangée pour pouvoir passer l’aspirateur. Nous avions décidé ensemble que si tu ne le faisais pas, tu aurais à passer toi-même l’aspirateur. Je vais donc appliquer cette règle. Je te laisse ranger ta chambre, je vais déposer l’aspirateur à l’entrée pour que tu le passes quand elle sera rangée. J’attends de toi que tu me ramènes l’aspirateur dans 30 minutes après l’avoir passé. Je programme un timer dans 30 minutes, je le place ici pour que tu aies une notion du temps qui passe.

Programmes de récompense

Principes

Les programmes de récompense comportementaux sont des outils classiques de guidance parentale. On pourra citer le plus connu d’entre eux, le programme Barkeley, utilisé dans le TDAH depuis plusieurs années. Il s’agit d’accompagner les parents à mettre en place un système de récompenses pour aider l’enfant à compenser ses difficultés à se projeter dans l’avenir. En donnant tout de suite la récompense pour des actions dont les effets positifs se voient à long terme, la motivation de l’enfant est maintenue.

Par exemple, récompenser un enfant pour avoir réalisé des exercices de calcul mental va lui permettre de devenir plus fort en mathématiques. Une fois qu’il a acquis la compétence, cela vient renforcer son estime de soi, et il n’a plus besoin de récompense pour maintenir le comportement. On retrouve ici les principes des méthodes ABA.

Récompenser, étape par étape

Pour l’utiliser, on suit les principes suivants :

1. Mettre en place ce système en en discutant avec l’enfant et en l’impliquant dans sa construction.
2. Prioriser et renforcer les comportements les plus importants. Il faut prioriser les choix éducatifs, en concertation entre les parents.
3. Prévoir des petites récompenses et des récompenses qui nécessitent plus de points. Les petites récompenses doivent coûter moins de 10 points (choisir le menu du dîner, se coucher un peu plus tard, argent de poche…).
4. Adapter le système aux capacités neurodéveloppementales de l’enfant. Par exemple, pour les plus jeunes, vous pouvez utiliser des cartes ou des jetons afin de symboliser les points. Par ailleurs, vous pouvez également cibler les tâches en fonction des capacités de l’enfant. On tiendra compte des limites neurodéveloppementales et cognitives de l’enfant pour fixer des objectifs réalistes. Par exemple, un enfant avec un retard important en régulation émotionnelle ne pourra pas du jour au lendemain apprendre à calmer sa frustration sans crise.
5. Être généreux avec les points la première semaine, et pas de points négatifs la première semaine.
6. Passé la première semaine, on peut attribuer des points négatifs, mais en évitant d’en donner trop. Ils sont soit soustraits du total des points positifs, soit compensés par un système de conséquences négatives. Voici quelques exemples de conséquences négatives : obliger l’enfant à s’excuser une fois calmé, le priver de jeux vidéos… Dans le cas où les parents donnent des objets symbolisant les points (avec les plus jeunes) les parents ne doivent pas les reprendre, sauf si l’enfant refuse d’appliquer la conséquence négative.
7. Ne pas se mettre en colère (appliquer le système calmement) et ne pas donner trop rapidement les points négatifs (un à la fois, pas trois points pour un seul conflit).
8. Faire régulièrement évoluer le système.