Dans cette leçon, nous allons décrire des techniques utiles pour la prise en charge du TSA.
La méthode ABA, pour Applied Behavior Analysis, est une méthode comportementale souvent utile auprès de jeunes enfants (par exemple pour le traitement du TDAH ou des troubles oppositionnels) ou de personnes présentant un TSA. Il s’agit d’appliquer des principes comportementaux pour initier ou modifier des comportements sociaux. C’est une méthode qui fournit un cadre pour les patients et leur famille, issue de la première vague des TCC.
Cette méthode est indispensable dans la prise en charge de l’autisme, mais pas seulement puisqu’elle peut également servir dans la prise en charge des addictions, des troubles du comportement alimentaire, des troubles obsessionnels compulsifs et la dépression. De façon générale, cette méthode est utilisée pour faciliter le quotidien des aidants et des familles.
L’analyse comportementale appliquée (Applied Behaviour Analysis, ou ABA) est une thérapie basée sur les sciences de l’apprentissage et du comportement, autrement dit la première vague des TCC. L’ABA fait partie des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) pour l’accompagnement des enfants atteints de TSA.
Son objectif est de faciliter l’apprentissage de nouveaux comportements, en analysant ses contingences : c’est-à-dire les mécanismes de conditionnement et de renforcement. La tâche est ensuite subdivisée en sous-objectifs, en apportant un étayage à l’aide de renforçateurs, puis en programmant leur retrait progressif. Cette méthodologie permet de développer tout apprentissage : habiletés sociales, propreté, autonomie, autodiscipline, etc. L’accompagnement est personnalisé en fonction du niveau d’attention de la personne, de sa vitesse d’apprentissage, de sa capacité à généraliser les nouveaux apprentissages.
L’ABA suscite une certaine controverse. Dans le passé, certains programmes d’ABA utilisaient des punitions pour mettre fin à un comportement indésirable, approche qui a depuis été abandonnée. En outre, certains comportements autistiques, tels que les battements de mains ou les autostimulations, peuvent être apaisants ou agréables pour les personnes atteintes de TSA (et donc il peut être contreproductif de les supprimer). L’intensité élevée du programme peut également être une source de stress, car il implique que les personnes suivent une thérapie répétitive et individuelle pendant de nombreuses heures par jour.
La méthode ABA nécessite plusieurs heures par semaine et des années d’implication (au moins 20 heures par semaine, idéalement 30 heures). Il est donc important que l’a personne ‘enfant soit accompagné par différentes personnes au quotidien.
L’objectif est de familiariser par une approche de façonnement (shaping) des comportements simples qui, une fois chaînés entre eux, aboutissent à des comportements plus complexes. Pour déterminer des objectifs, on part du besoin de l’entourage (définis avec les parents et/ou les enseignants) et on cible les comportements qui permettront à la personnes atteinte de TSA d’être moins dépendante et mieux intégrée (par exemples : hygiène, dire bonjour, jouer avec un camarade, s’assoir dans un groupe, etc.). C’est donc l’environnement qui détermine les priorités.
Vous allez ainsi pouvoir promouvoir l’acquisition de compétences dans différents domaines :
L’ABA vise à renforcer les comportements adaptés et à réduire les comportements inappropriés :
On agit sur un comportement pour l’éteindre :
Un tel comportement fera l’objet d’une analyse fonctionnelle systématique :
On agit sur les déclencheurs soit en les supprimant s’il y a lieu, soit en les aménageant par une exposition progressive pour que la personne s’y habitue et y associe quelque chose d’agréable (jeu, musique,..). On donne une explication claire et brève (ça fait mal, c’est fini, c’est le bruit de l’avion, etc..) de la façon la plus neutre possible. Les réponses problématiques sont explicitement non renforcées et on procède à l’extinction : le comportement inadéquat est ignoré de façon systématique. Si la personne doit être contenue (par exemple s’il essaye de traverser la route en se mettant en danger), l’action est faite sans émotion (c’est surtout la réaction émotionnelle qui renforce le comportement, en réagissant de façon ferme mais neutre le comportement n’est pas renforcé). Le comportement non renforcé (sans facteur de maintien) va s’éteindre de lui-même puisqu’il n’est jamais renforcé ni socialement, ni d’aucune façon. On donne alors si nécessaire la possibilité à la personne d’arriver au même but par un autre moyen en présentant un comportement approprié et en le renforçant.
Une fois que l’accompagnant a fait cette analyse, il sera donc en mesure d’apprendre à la personne à réduire ses troubles du comportement, mais également à développer de nouveaux comportements adaptés.
Pour cela, il y a différentes procédures :
L’apprentissage est effectué par trois étapes successives : enseignement structuré, enseignement en milieu naturel, généralisation.
L’enseignement structuré repose sur des apprentissages divisés en petites étapes répétées en successions rapides, effectuées en face à face, sans distracteurs externes. Vous apprenez ainsi à la personne atteinte de TSA à réussir correctement une action en autonomie. Chaque apprentissage est décomposé en :
Cet apprentissage se déroule en situation réelle (école, maison, IME). Le parent ou la praticien va aider la personne à :
On part toujours de situations présentant une motivation pour la personne.
Une fois l’objectif atteint, la généralisation vise à répliquer le comportement dans des situations variées, avec d’autres instructeurs, avec un autre matériel, à d’autres moments de la journée, avec d’autres consignes.